Quoi de neuf en cd classique?

[Pseudo]

Voici quelques notes pour ceux qui éprouvent, comme moi, le désir de suivre les enregistrements des musiciens en activité.

Ici et là, quelques rééditions remarquables.

Pour commencer, à l'intention des admirateurs de JSB:

Concertos pour clavecin, par Andreas Staier, le Freiburger Barockorchester et Petra Mullejans (HMC 902181/82)
Les grands clavecins sont à la mode, et la copie de Hass ici utilisée change l'équilibre auquel nous sommes habitués. La richesse de son haut grave et de son bas médium lui permet de sortir de l'orchestre avec une netteté dont un "huit-pieds" est incapable. Staier et le Freiburger Barockorchester en profitent pour jouer le grand jeu du concerto de soliste (c'est la thèse défendue dans la notice: Bach a inventé le concerto pour "piano".) Surprenante à première écoute, cette approche convainc davantage à chaque réécoute. Les mouvements lents, pris comme en apesanteur, sont sublimes.

Le clavier bien tempéré, livre I, par Céline Frisch (Alpha 221)
Discrète, chaleureuse et poétique, Céline Frisch livre une version "cantabile" de ce premier livre. N'attendez pas LE Bach de Céline Frisch, fait de choix extrêmes, de contrastes accentués: bien que sa conception soit irréprochablement construite, c'est une lecture à apprécier dans la durée, une église plutôt qu'une cathédrale qui se construit pierre à pierre. Belle prise de son, raisonnablement distante, légèrement réverbérée.

En passant, la réédition des Concertos Brandebourgeois par le Café Zimmermann (Alpha) en coffret séparé, pour ceux qui n'auraient pas l'intégrale des concertos, vivement recommandée.

Préludes et fugues, par Rinaldo Alessandrini (Naïve OP 30564)
Alessandrini a rassemblé par tonalité des préludes et des fugues de diverses provenances, que Bach a souvent écrits à l'intention de ses élèves.  Il en résulte un recueil tout à fait intéressant de courtes pièces (la plupart durent d'une à trois minutes). De ces compositions séduisantes malgré leur humble origine, le musicien italien livre une interprétation très articulée  qui maintient l'intérêt de bout en bout. Diapason lui reproche un manque d'imagination, que je nommerais fidélité et respect du texte.

[Pseudo]

Parlons de musique du 20e siècle.

Britten: the complete strings quartetts, par le quatuor Brodsky (Challenge classics CC72265)
Cette réédition en un album d'enregistrements de 2001 mérite l'attention des amateurs de musique de chambre. Les 3 quatuors de Britten sont des chefs-d'oeuvre, et les Brodsky le démontrent de façon éclatante: beauté des timbres, intonation parfaite, précision rythmique. Dans l'andante sostenuto du premier quatuor, l'opposition des pizzicatos et des flageolets crée une atmosphère éthérée proprement incroyable. En prime, on peut lire l'analyse délirante de la prise de son parue dans Diapason (captation superbe au demeurant)...

Hindemith: quatuors, par le Quatuor Amar (Naxos, 3 volumes, le dernier paru récemment et commenté dans Absolute sound de janvier 2016)
Hindemith n'a pas composé la musique la plus fun du 20e siècle, personne ne lui en fera le reproche. Dans ses quatuors, la beauté des lignes, la complexité de la composition offrent un défi intéressant à l'écoute. Malgré quelques mouvements rapides plus formalistes et, disons, motoriques, ces œuvres rarement proposées en concert méritent d'êtres découvertes. Le quatuor Amar joue fort bien, et la prise de son, dans la grande salle de radio Zurich, restitue une atmosphère un peu froide et réverbérante: moins chaleureuse que souhaitable, sans que cela soit rédhibitoire. Prix doux.

Grazina Bacewicz: Quatuors 4, 2, 5, par le Quatuor Lutoslawski (Naxos 8.572807)
On redécouvre cette femme compositeur soviétique au destin singulier. Ses quatuors, non dénués de formalisme, se laissent néanmoins entendre agréablement. Les mouvements lents revêtent souvent un caractère méditatif. Le cinquième quatuor se développe de manière plus imaginative et séduit sans réserve. Deux mouvements lents (moderato, corale: largo) enserrent un scherzo fugué. L’œuvre se termine par des variations .Un premier volume est disponible chez le même éditeur. Le quatuor Lutoslawski, fondé en 2007, ofrre une belle cohésion. Prix doux.

[PP_65]

Aurais un conseil pour les quatuors de Schnittke ?

[Pseudo]

A vrai dire, je ne les connaissais pas.

Mais il semble que le choix soit restreint: seuls les quatuors Kronos et Molinari ont enregistré une intégrale plus ou moins disponible (si l'on excepte un obscur quatuor Tale, selon Qobuz et amazon).

Je suis en train d'écouter le troisième sur ... Qobuz: les Kronos jouent dans le style sérieux. Les Molinari favorisent une approche plus chantante. On peut arguer que les Kronos marquent mieux les contrastes entre les différentes sections qui composent chaque mouvement. Leur restitution de l'agitato du 3e quatuor est éblouissante.

Qu'est-ce qui correspond le mieux à l’œuvre? Je ne peux pas me prononcer.

Merci de cette découverte.

[PP_65]

J'avais envie de prendre le Kronos, certains les trouvent arides mais si ça "chante" trop , ça risque de ne pas me plaire . Allez,  je vais acheter la version Kronos .

[Alleuze]

La version Molinari a été appréciée sur All Music :

http://www.allmusic.com/album/alfred-sc ... 0002185414

La version Tale ne comprend que trois pièces :

http://revueclassique.blogspot.fr/2014/ ... orain.html



La version Borodin du 3 :





Il n'est pas bien difficile de voir ce qui plaît à PP en Schnittke :

http://www.physinfo.org/chroniques/schnittke.html

[Pseudo]

Superbe!

[Alleuze]

[Pseudo]

A côté des grosses boîtes parues après la disparition de Maître Pierre, diversement regretté [amusant papier de M. Alexandre dans un récent Diapason], on peut s'intéresser à deux disques isolés qui montrent le dernier état d’œuvres antérieures:

Le produit d'une révision par le compositeur en collaboration avec les interprètes, dans un bel enregistrement:



Le Dialogue de l'ombre double transcrit pour flûte à bec    avec l'accord du compositeur, accompagné d'amusants effets stéréo:


"I give permission to Erik Boosgraff to make a version for recorder of my Dialogue de l'ombre double.
Amsterdam, 18.11.2011
P. Boulez" (fac-similé dans le livret)

[Alleuze]

Le plus célèbre opéra comique du duo Gilbert & Sullivan, les Offenbach britanniques :



De quoi vous changer de la mornitude...


Mais si vous trouvez cela trop léger j'ai à vous proposer une intégrale des quartets pour cordes des viennois...

[Jubilator]

Grand amateur de l'école d'orgue d'Allemagne du Nord, je ne pouvais pas décemment laisser passer ce disque :

[Pseudo]

Pour les amateurs de chant, 3 parutions plus ou moins récentes méritent attention. Dans l'ordre chronologique:

Musique sombre, voix sombre, prise de son sombre mais nuancée, quoique entachée d'une réverbération un rien (vraiment un rien) caverneuse (je vous laisse apprécier la photo de la pochette):



Joli récital d'airs d'opéra, timbre caractéristique, interprétation construite et nuancée (dans "l'air du catalogue", Gerhaher laisse passer de la compassion à l'égard de donna Elvira, sans céder au sarcasme), orchestre vif aux timbres assez "Verts"    :



L'album du 125 ! anniversaire consacré par Music & Arts à Lotte Lehmann: son historique, bien sûr, mais le piano sonne étonnamment propre, et la voix distille une émotion profonde:

[Alleuze]

Un ténor. Pour ceux qui en ont marre des haute-contres et des sopranos dans les arias d'Haendel.

Bon, il y a Topi Lehtipuu qui lui est supérieur mais il n'a pas, à ma connaissance, fait de compilation...

[mkl]

Le Dialogue de l'ombre double transcrit pour flûte à bec  :eek:  avec l'accord du compositeur, accompagné d'amusants effets stéréo:

[ Image ]
"I give permission to Erik Boosgraff to make a version for recorder of my Dialogue de l'ombre double.
Amsterdam, 18.11.2011
P. Boulez" (fac-similé dans le livret)

Ils ont demandé l'autorisation au forum avant d'utiliser une photo de notre Calamean à nous pour leur pochette?  

[PP_65]

Le Dialogue de l'ombre double transcrit pour flûte à bec  :eek:  avec l'accord du compositeur, accompagné d'amusants effets stéréo:

[ Image ]
"I give permission to Erik Boosgraff to make a version for recorder of my Dialogue de l'ombre double.
Amsterdam, 18.11.2011
P. Boulez" (fac-similé dans le livret)

Merci pour le tuyau, j'ai commandé le CD ( Amazon DE) il y a une bonne semaine  , je le découvre en ce moment ; j'aime beaucoup .

[Pseudo]

C'est un plaisir! Le CD permet parfois de découvrir des œuvres (ou des versions) bien difficiles à entendre en concert!

[Pseudo]

Des transcriptions, pour varier (art que JSB lui-même a beaucoup pratiqué).

Cinq (pourquoi laisser la 2e de côté) des sonates en trio pour orgue, interprétées à la  flûte à bec et au clavier (qui assure donc deux parties).
Étonnamment, les réalisation à la flûte alto et au clavecin sonnent plus majestueusement que celles confiées à la flûte ténor accompagnée au pianoforte.

Le lutin de la couverture a réservé ses facéties au photographe: c'est un musicien sérieux. Belle prestation de Jovanka Marville, qui gagnerait à être connue.

Petite acidité dans la prise de son de la 5e sonate.



Plus patchwork, en hommage à André Isoir pour ses 80 ans, ce florilège de pièces ultra-connues, pour la plupart, dans un grand son sur l’orgue Georg-Westenfelder de Fère-en-Tardenois:

[Pseudo]

Un an plus tard, quoi de neuf en CD classique?

Pauvre année, en vérité.

Deux intégrales violoncelle et piano de LVB, pour commencer.

Une interprétation intense, qui ne fait pas oublier  [mettez le nom de vos interprètes préférés], un jeu sensible, dans une belle prise de son.

Dans une esthétique plus légère, proche du récital, vivante, animée:

http://evidenceclassics.com/discography ... llo-piano/

[Pseudo]

Je voulais vous parler des Brahms de Volodos, qui méritent le détour, mais la photo refuse de se télécharger

Bon, voilà, c'est fait:

Le jeu de Volodos est puissant comme à l'accoutumée. Mais il ménage une alternance de tensions et de détentes qui confère beaucoup de relief à ces pièces méditatives. Beau son, par surcroît.

[habermas]

Une magnifique sortie à noter chez Fuga Libera/Outhere, par Sarah Laulan et le Quatuor Hermès sur les mélodies françaises de la fin du 19e siècle jusque vers 1950. On a des grands tubes comme la Danse Macabre de Saint-Saëns (arrang. pour piano et voix), jusqu'à d'obscures mélodies de cabaret pour voix et quintette avec piano.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir

La vidéo de présentation de l'album avec vers 55 secondes un court passage de son extraordinaire Danse Macabre:



La pièce de cabraet sus-mentionnée   :



Le point particulier ici est que pour une fois, on interprète ce répertoire avec une contralto, qui de plus a un sens du drame extraordinaire. Par rapport à beaucoup de jeunes chanteuses modernes qui pensent la musique classique en couleurs pastel, elle a au contraire choisi la peinture à l'huile et l'expressivité. J'en ai commandé plusieurs pour en offrir à des personnes qui me disaient que la musique classique étai ennuyeuse, je pense que des sorties comme ça peuvent aider à conquérir un nouveau public sans rien compromettre la qualité artisitque du genre (je tourne mon regard à Christina Pluhar   )

Je ne connaissais pas cette chanteuse, mais un grand bravo, disque absolument à recommander.

Amitiés,

J

Edit: Pour pas gâcher le truc, on a une prise de son de folie aussi, un point à ne pas à négliger non plus sur un forum audiophile