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Les yeux brûlés

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Les yeux brûlés

Message #1 par tib tib » 08 Nov 2015 à 22:53

Je recommande ce film documentaire

Il y a ce que l,on laisse ,il y a ce que l,on trouve ... des traces ,des archives ,des interrogations. Merci à Laurent Roth et à Mireille Perrier (ma prof de théâtre !) d,avoir,avec ce film , remis un peut d,ordre afin mieux comprendre le rôle et le travail des photographes de guerres . Aller Y ...

"Les Yeux Brûlés", un film de Laurent Roth.

Avec Mireille Perrier, Raoul Coutard, Marc Flament, Pierre Schoendoerffer, Raymond




LES YEUX BRÛLÉS, OU LA METAPHYSIQUE GUERRIÈRE
Les Yeux brûlés de Laurent Roth est un film de commande (l’ECPA « service images » de l’Armée est le commanditaire). Effectuant son service militaire, Roth a eu accès aux archives célèbres du Service cinématographique de l’Armée, et comme c’est quelqu’un qui prend les choses très au sérieux, il ne s’est pas seulement emparé des documents (souvent rares) mais de la commande elle-même. Résultat : un film pas banal qui, sans le soutien enthousiaste du capitaine de vaisseau Guérout aurait peut-être fait tiquer la grande muette.
Dans le hall de Roissy, une jeune femme (Mirelle Perrier, troublante et troublée) vient prendre livraison d’une mystérieuse cantine (expéditeur : l’Armée). À côté d’elle, autour d’elle, des hommes sont là pour répondre à ses questions. Thème : la guerre et l’image. Photographes (Marc Flament), cameraman (Raoul Coutard) cinéastes (Pierre Schoendoerffer) parlent, comme on dit, de « leur métier ». Sauf que très vite, il est question d’autre chose. Pendant ce temps, comme sur une autre scène passent des images d’archives : connues ou inconnues, banales ou théâtrales, montées, démontées, remontées à l’infini. « C’est le fondement de la propagande : montrer la guerre comme énergie, mouvement inéluctable, alors qu’elle n’est qu’une attente et une soif rentrée, une perpétuelle disponibilité des hommes et des machines », dit Laurent Roth, qui ajoute que
« la guerre commence dans la capacité d’attendre en vain ». N’est-ce pas aussi cette capacité qui est requise du « chasseur d’images » ? Oui, bien sûr.
L’idée, bien que forte, serait banale (rappelons qu’en anglais to shoot signifie tirer et filmer) si Roth, à travers son propre remontage de vieilles archives (commentées par de la musique classique et la voix off de Depardon) et son « altra ego » qu’est le personnage de Mireille Perrier, ne lâchait plus l’os métaphysique que l’Armée elle-même semble avoir renoncé à ronger depuis longtemps. Os bazinien dans lequel il n’est d’image que faite « en co-production » avec la mort.
Car la capacité d’attendre en vain est parfois étrangement récompensée (scoop, obscénité, abjection, part maudite, etc.) comme quand Flament questionné par Perrier, fait le récit de l’agonie du sergent-chef Sentenac, agonie qu’il photographia. Récit que filme à son tour Roth. Récit qui « accomplit parfaitement le sacrifice du pouvoir que l’image lui a donné à ce moment-là en nous le donnant à exercer à notre tour. » Les Yeux Brûlés, brûlés en tout cas par son sujet, est autre chose qu’une commande simplement détournée. C’est, chose troublante, une commande retournée au commanditaire, avec accusé de réception.
Serge Daney - Libération, vendredi 10 octobre 1986.

Sortie nationale en salles le 11 novembre 2015.
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